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402 CHAPITRE VIU. — HOMÈRE ET LES HOMERIDES

De Kyiné. la légende nous transporte à Smyme, toujours en pays éolien. Homère y voit le jour, mais il ne s'appelle pas encore Homère. C'est là un détail qu'il faut remarquer, car il ne s'explique que par la nécessité de respecter une tradition ancienne. A Smyme, la légende homérique a un caractère mythique. Le nom de Mélésigène indique clairement qu'à l'origine le poète y était considéré comme le fils du fleuve'. C'était une manière allégorique de marquer l'origine locale de la poésie homérique; elle était née pour les habitants de Smyrne du fleuve qui coulait près de leur ville, comme les premiers rois d'Athènes étaient nés pour les Athéniens du sol lui-même. En langage historique, cela veut dire qu'à Smyrne eut lieu la première éclosion brillante de poésie épique. Kymé n'avait produit que des chants encore rudes; ce germe est venu éclore à Smyrne, comme l'enfant que Krélhéis portait dans son sein est venu naître sur les bords du Mélès. Est-ce à dire que les premiers chants de Y Iliade aient été composés à Smyrne? Rien de moins probable, d'abord parce qu'il faudrait alors se livrer à des combinaisons plus ingénieuses que solides pour expliquer remploi du dialcclc ionien dans ces premiers chants; en second lieu, parce (jue la légende nous représente Homère composant ses grands poèmes, non à Smyrne, mais à Cliios. La poésie épique de Smyrne a du être une poésie éoliennc dans la forme comme dans le fond; elle n'a produit ni V Iliade ni YOdyssée, mais clic a donné naissance à des chants déjà remarquables,

��1. Tradition conservée dans plusieurs des nulices précédemment indi(iiiées, nolamnionl dans le Tôvo; '0(j.tI;:ou (jui figure sous le nu- méro 4 dans les Scriplons vilarum de Weslermann : Kaiâ o' svi'oj;

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