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L'HISTOIRE PROBABLE 405

chez ces Homérides que naquirent les poésies homé- riques. Il se rencontra parmi eux un certain nombre d'aèdes, les uns créateurs, les autres continuateurs, auxquels doit être attribuée toute cette longue éla- boration poétique qui a été analysée plus haut. Cela ne veut pas dire, comme on Ta compris quelquefois à tort, que le y^voç des Homérides fut une sorte d'asso- ciation d'aèdes ; nulle part en Grèce, nous ne voyons le mot ybfoq servir à désigner une société de ce genre. C'était simplement, comme tous les y^viq, un groupe de familles qui se rattachaient à un même ancêtre ; entre ces familles, il y en avait une ou plusieurs, où, selon l'usage du temps, la discipline poétique se transmettait plus ou moins régulièrement des pères aux enfants ; tous assurément n'étaient pas poètes, mais il suflîsait que chaque génération fournît un petit nombre d'hommes qui avaient à cœur de con- server et d'augmenter le trésor domestique. Ainsi s'expliquent les passages de Platon et d'Isocrate, qui représentent les Homérides comme en possession d'une sorte de dépôt de poèmes et de traditions dont ils étaient les gardiens*. Un de ces Homérides, Kynaethos, dont la date est d'ailleurs tout à fait incertaine, nous est particulièrement désigné comme l'auteur de nombreuses interpolations dans les poé- sies homériques '. L'auteur de l'hymne à Apollon Délien , que ce soit ce même Kynœthos ou tout autre, était certainement aussi un de ces Homérides, car il se donne lui-même pour habitant de Chios, et

��1. Platon, PhèdrCy p. 252; Ion, p. 530; RépubliquCy p. 599; Iso- cratc, Eloge d'Hélène^ 65.

2. Scoliasle de Pindare, Néméennes, II, 1: 'Oarjv.^ôSv ETUi^aveîç ÊYcvovTO o'. rreoi KuvatOov, ouç cpaai noXXx tc5v ItzC^v TiO'.TJaavia; EjjiÇaXeîv £Î; TT)v 'OfxTJpoj iroiTiaiv.

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