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408 CHAPITRE VIII. — HOMERE ET LES HOMERIDES

que Taède était inspiré par les dieux. Mais il ne faut pas se méprendre sur la valeur de ce privilège ni oublier qu'en ce temps toute habileté supérieure était censée venir des dieux. Le forgeron renommé, l'architecte, le constructeur de vaisseaux passaient pour inspirés dans la pratique de leur art aussi bien que l'aède'. La Muse était pour celui-ci ce qu'Hé- phacstos ou Athéné était pour les ouvriers habiles ouïes artistes ; et tout en croyant fermement à la sug- gestion divine, personne n'ignorait qu'il devait en grande partie son talent à un apprentissage régulier. 11 fallait en effet que l'aède sût jouer de la cithare et chanter. Il est vrai que cette partie technique de son art était fort simple. Avec un instrument tel que celui dont il disposait, l'effet musical ne pouvait être que subordonné à l'effet poétique. L'aède préludait par quelques notes qui annonçaient le chant et lui donnaient le ton ; c'était là ce qu'on appelait cr/a6aX- XejOat (commencer)'. Le récit chanté suivait. Sans doute la cithare ne servait plus pendant ce récit qu'à soutenir la voix de loin en loin, car il est évident qu'il ne pouvait être question d'un véritable accom- pagncincnl. Le chant lui-inémc se réduisait à une sorte de récitatif \ L'aède s'interrompait de temps à autre, soit pour se reposer, soit pour réveiller l'at- tention de ses auditeurs. Ceux-ci, comme nous le voyons au V1II° livre de V Odyssée^ Tencourageaient alors par des acclamations cl le pressaient de con- tinuer*. Ignorants des formes poétiques plus savantes

��1. Odyss,, VI, 232-235.

2. Odyss.j VIII, 266 : Autàp ô ^ocjx^î^wv àv£6àXX£T0 xaXôv às^Bety.

3. Celte manière de clianter, la seule qui puisse convenir au récit épique, est encore celle des clianteurs serbes et russes.

4. Odrss., VIII. 87, 90-91.

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