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LES AEDES 411

beaucoup d'autres aèdes, dans les villes d'Ionie, produisaient des chants épiques, et qu'une influence réciproque des uns sur les autres s'exerçait inces- samment *. La faiblesse de ces aèdes fut de n'être pas associés entre eux comme les Homérides. Au lieu de grandes épopées, ils ne produisirent que des chants détachés, qui disparurent bientôt, tandis que l'œuvre homérique subsistait.

Créophyle de Samos semble avoir été le chef ou l'un des membres principaux d'une famille samienne qui présente quelque analogie avec le yhoq des Ho- mérides de Ghios*. La tradition mettait Créophyle en rapports personnels avec Homère. Selon les uns, il aurait reçu de lui, comme prix de l'hospitalité qu'il lui donna, un poème, la Prise dŒchalie^ qu'il aurait ensuite publié sous son propre nom avec l'autorisation d'Homère; selon d'autres, Créophyle aurait au contraire composé lui-même la Prise d'Œ- chalie et l'aurait ensuite attribuée à Homère qui aurait bien voulu en prendre par reconnaissance la responsabilité'. Il semble probable que cette histo- riette fait allusion à des relations réelles et sans doute à des échanges poétiques qui eurent lieu entre les Homérides de Chios et des aèdes de Samos. La légende d'Héraclès, dont la prise d'Œchalie n'était qu'un épisode, a certainement exercé, comme nous l'avons vu, une influence appréciable sur quelques

1. Ou ne sait que pcuser de ce Mélésandre de Milet, auteur d'un Combat des Lapithes et des Centaures^ qu'Elieu mentionne (Hist. var., XI, 2) comme antérieur à Homère et qui n'est cité nulle part ailleurs. Comme il figure dans ce passage à côté de Darès le Phrygien, son existence est plus que suspecte.

2. Sur les Créophyliens de Samos, voir Welcker, ouv. cité, t. I, p. 219 et suiv., avec les témoignages anciens.

3. Strabon, XIV, p. 638.

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