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IDÉE GÉNÉRALE DU CYCLE 431

vation des vieilles légendes dans leur entier et leur adaptation aux poèmes d'Homère, il était impossible que l'épopée ne s'acheminât pas vers la chronique.

Prenons donc les choses telles qu'elles sont. Le cycle marque un nouvel âge de la poésie épique. L'in- dépendance créatrice dominait dans le précédent; l'imitation et l'adaptation sont les caractères princi- paux de celui-ci. Les auteurs n'ont plus la même liberté. Tandis que les aèdes homérides créaient des incidents nouveaux et des scènes entières à leur gré, batailles, rencontres de héros, assauts, aventures merveilleuses, les nouveaux venus, historiens en même temps que poètes, se virent obligés à ce titre de suivre pas à pas des séries d'événements données. S'ils ont produit ainsi de moins belles œuvres, ce n'est pas une raison pour les dédaigner : leur ma- nière caractérise une phase importante de l'histoire littéraire. Ceci posé, venons-en aux faits eux-mêmes.

Le principal témoignage ancien relatif au cycle, le plus propre à en bien expliquer la nature, est celui de Proclus\ rapporté par Photius : « Proclus, dit « celui-ci, s'étend ensuite (dans le second livre de « sa Chrestomaihie) sur ce qu'on appelle le Cycle « épique. Ce cycle commence à l'union fabuleuse du (( Ciel et de la Terre, d'où naissent trois géants à (( cent bras et trois Cyclopes ; il continue en traver-

��1. Confondu à tort avec le célèbre philosophe néoplatonicien du v« siècle, ce Proclus était probablement le grammairien Eu- tychius Proclus de Sicca, l'un des maîtres de Marc Aurèlc. Il avait composé, sous le titre de Xpy]aT0fxà6£ta Yp>p>p>atixi{, une sorte de Cours de littérature en quatre livres, qui nous est connu par- tiellement soit par l'analyse sommaire qu'en a donnée Photius dans sa Bibliothèque (n» 239), soit par quelques fragments impor- tants trouves dans deux manuscrits d'Homère (Codex Escorialensis et Codex Venetus^ 484) ; voy. la Bibliographie en tête de ce chapitre.

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