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468 CHAPITRE X. — LA POÉSIE HÉSIODIQUE

des Travatix ou dans tout autre poème moral de ce genre, sans y paraître déplacés. Et si, au lieu de quelques vers isolés, nous possédions un recueil complet des sentences qui furent rendues pendant plusieurs siècles par le collège sacerdotal de Del- phes, la ressemblance, qu'il faut chercher aujour- d'hui, apparaîtrait avec évidence. A cette poésie des oracles la poésie d'Hésiode a certainemeût emprunté ce tour sentencieux et ce ton d'autorité qui la carac- térisent si nettement '.

A côté de ces origines religieuses, les origines populaires. Les siècles suivants nous feront voir le chant de l'élégie et de l'iambe associé fréquemment aux repas et tenant ainsi sa place dans la vie de société. Un tel usage ne naît pas du jour au lende- main ; et certes ce goût de moraliser sous une forme vive et spirituelle n'a pas dû attendre pour se pro- duire en Grèce que la forme élégiaque ou iambique fût créée*. Deux choses révèlent particulièrement chez Hésiode l'influence de la vie sociale contempo- raine : les proverbes, qui abondent chez lui, et l'apo- logue dont il fait usage incidemment. Il y a quelques proverbes déjà chez Homère, mais en petit nombre relativement ; il y en a beaucoup chez Hésiode. Quelques-uns ont pu être créés par le poète lui- même, mais n'cst-il pas probable que le plus souvent il s'est contenté de formuler d'une manière plus durable des vérités qui avaient cours de son temps?

1. La tradilioQ d'emprunts faits par la poésie épique aux oracles existait dans l'antiquité. Homère, selon une opinion rapportée par Diodorc (IV,66, 7) aurait dû beaucoup aux prétendus oracles de Daphné, fille de Tircsias, confondue avec la Sibylle. Peut-être sous cette légende y avait-il un soupçon de la vérité.

2. Hymne à Hermès, 55: 0£6; 8' brJj xaXov SeiSev — ef aûr05;(^e8tijç

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