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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/548

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498 CHAPITRE XI. — LES TRAVAUX ET LES JOURS

taisiste, faite par des associations de mots et de sons autant ou plus que par des associations de choses, n'était pas précisément ce qui leur convenait ?

A ces réflexions on peut ajouter d'ailleurs des arguments non moins concluants. Si les Travaux n'étaient en majeure partie qu'une C hrestomathie lar- divementformée autour d'un poème sur l'agriculture, — ce qui est l'opinion de Lehrs, — il faudrait choi- sir entre deux conjectures opposées également in- vraisemblables. Ou bien cette chrestomathie s'est formée des débris d'un poème moral antérieur qui offrait celte unité, cette suite logique, cet ordre mé- thodique et réfléchi qu'on ne trouve plus dans les Travaux \ ou bien ce poème n'a jamais existé, et la chrestomathie en question n'est qu'un recueil de morceaux détachés, pris de côté et d'autre dans des œuvres de nature diverse. Examinons ces deux hy- pothèses.

Si le poème qu'on nous représente a réellement existé, d'où vient que cette composition si savante a disparu ? Beaucoup d'autres grandes et belles œu- vres ont été détruites, cchi est vrai, mais détruites quand l'antiquité elle-inéinea pris fin, quand Tintel- ligence humaine a été comme submergée sous un flot de téncl)res ; elles ont vécu jusque-là, elles ont exercé leur influence, et nous en avons des témoi- gnages. Ici au contraire, il faudrait supposer une disparition bien antérieure aux temps classiques; personne dans l'antiquité n'a jamais connu un autre poème des Travaux que le notre ; comment admettre qu'une œuvre si remarquable, si extraordinaire pour le temps auquel on la rapporte, ait été ainsi oubliée ? Est-ce qu'elle ne se serait pas défendue par son unité même ? Est-ce que la beauté de ce déve- loppement si bien enchaîné ne l'aurait pas gravée a

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