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506 CHAPITRE XI. — LES TRAVAUX ET LES JOURS

sant et la violence hautaine qui seront en honneur; pour jus- tice ils auront leur bras, et rien ne sera respecté. Le méchant fera tort à Thomme meilleur que lui par des discours perfides, et il y ajoutera le parjure. Parmi les humains malheureux, régnera la jalousie malfaisante, aux discours envenimés, la jalousie heureuse du mal. Alors quittant la vaste terre et montant vers TOlympe, cachant leur aimable visage sous leurs voiles blancs, AÎdôs et Némésis abandonneront le séjour des hommes pour se réfugier parmi les Immortels. Et, sur la terre, il ne restera plus que des douleurs affreuses, le mal partout et le remède nulle part ^ »

Tout se tient dans ce sombre tableau, et du com- mencement à la fin le poète suit son idée avec pas- sion. Idée impérieuse qui l'obsède. L'injustice, libre du frein, va d'elle-même à son terme, qui est la des- truction; elle se complaît dans la violence, et elle y trouve son châtiment. Et de même qu'il entasse ici fléau sur fléau avec l'assurance d'un homme de foi pour qui les conséquences du mal sont aussi certaines que le mal lui-même, de même un peu plus loin, avec une confiance non moins absolue, il décrit la prospérité nécessaire do ceux qui respectent la jus- tice. A l'énumération des maux répond à présent rénumération des biens:

« Ceux qui rendent la justice aux étranjçers et à leurs con- citoyens sans jamais s'écarter du droit, ceux-là voient pros- pérer leur ville -et le peuple qui Thabite est florissant. Chez eux règne la paix, nourrice de la jeunesse, et jamais Zcus à la voix retentissante ne leur inflij^e le fléau de la guerre. Amis de la justice, ils n'ont pas à souffrir de la famine ni des cala- mités; sans cesse au milieu des fêtes, ils passent le temps à se réjouir. Pour eux, la terre se couvre d'opulentes moissons, et le chêne, sur les montagnes, montre au regard ses glands et cache les abeilles sous la feuillée. Les brebis sont revêtues d'épaisses toisons; les femmes mettent au monde des enfants

1. Travaux, 182-201.

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