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UNITÉ PRIMITIVE DU POÈME 561

façon de parler laisse même entendre que la gloire d^Hésiode est déjà pour lui dans un lointain plus ou moins profond, et qu'il se propose de la rajeunir. Rien d'ailleurs n'est plus conforme à la vraisemblance. L'effort d'abstraction est plus grand dans la Théo- gonie que dans les Travaux; on sent qu'on y est plus près des premières tentatives de la science. Et toute- fois, il est impossible d'attribuer à la Théogonie une date trop récente. Ceux qui considèrent ce poème comme l'œuvre d'un simple arrangeur sont seuls en droit d'admettre aussi qu'il a pris naissance tardi- vement. En réfutant la première opinion, nous avons implicitement rejeté la seconde. Il y a une naïveté de croyance et de conception dans ces généalogies divines, qui ne permet pas de supposer que ce re- marquable essai de synthèse ait pu se produire beau- coup après le huitième siècle. Le travail de Pisistrate a dû consister uniquement en une revision du texte, beaucoup moins importante sans doute que celle des poèmes homériques. Il ne peut être question, dans aucun des deux cas, ni de création ni même d'or- ganisation nouvelle.

��IV.

��Il résulte de ce qui précède que la Théogonie a une beauté de structure qu'elle doit à l'idée pro- fonde d'où elle est sortie. C'est un genre de beauté sévère que les Grecs semblent avoir senti, mais qui échappait déjà aux Latins, et que les modernes ont encore plus de peine à goûter. « La plus grande partie de la poésie d'Hésiode, dit Quintilien, ne con-

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