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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/633

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HYMNES HOMERIQUES 583

le génie du peuple qui s'affaiblit ; celui-ci est au con- traire dans toute la force et dans tout l'éclat de sa jeunesse. S'il abandonne les longs récits, c'est pour prendre un nouvel essor dans Télégic, dans l'iambe, dans la poésie lyrique. La sève du grand arbre hellé- nique est aussi abondante que jamais; elle monte lentement des branches inférieures qu'elle vient d'animer à d'autres branches qui donnent aussitôt naissance à une végétation magnifique.

Les raisons de ce changement seront expliquées plus loin, quand nous raconterons la naissance des genres nouveaux. Mais avant d'entrer dans cette étude, nous devons essayer de résumer tout ce qui précède. On peut évaluer à quatre siècles environ la durée de la période que nous venons de parcou- rir. Pendant ces quatre siècles, qu'avait appris la Grèce ? Quels progrès avait-elle faits dans l'art litté- raire et dans la pensée? En répondant à ces ques- tions, nous ferons mieux apprécier encore la haute valeur des œuvres qui viennent d'être étudiées et nous les rattacherons d'avance à celles qui vont suivre.

Il n'y a que les chefs-d'œuvre les plus rares qui exercent une influence profonde sur l'esprit d'un peuple; mais cette influence, ce sont surtout les œuvres moyennes qui permettent de la mesurer. Voilà pourquoi le recueil des hymnes qu'on appelle homériques est précieux pour nous. Aucun de ces hymnes n'est comparable aux moindres chants de V Iliade ou de VOdyssée^ aucun n'approche du mérite original des Travaux ni de la largeur d'idées de la Théogonie. Mais lorsqu'on a étudié VIliade et YOdys- see, les Travaux et la Théogonie., on retrouve dans les hymnes comme le reflet de cette immense lumière de poésie. Un art s'y manifeste, qui procède directe-

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