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LE MARGITES 595

étaient à l'égard de la tragédie *. Dans un récit plai- sant, dont nous ignorons malheureusement le sujet, figurait, comme personnage principal, le héros qui donnait son nom au poème, Margitès, c'est-à-dire le sot par excellence*. Un vers, que Platon nous a conservé, le caractérisait d'une manière aussi vigou- reuse que spirituelle :

Il savait faire beaucoup de choses, mais pas une seule comme il faut'.

Margitès n'était donc pas un pauvre d'esprit; le poète l'avait conçu plutôt comme une intelligence bizarre, pleine de velléités et d'idées incomplètes, mais dénuée de jugement et de sens pratique.

« Les dieux n'avaient fait de lui ni un travailleur de terre, ni un laboureur, ni rhomme d'aucun métier; il n'était ca- pable de rien*. »

Ce qu'un poète, qui était en même temps mora- liste, avait pu tirer de cette conception, nous l'ima- ginons aisément, et la célébrité du personnage dans l'antiquité nous encourage à l'imaginer. Son nom était passé en proverbe. On le citait comme le type de l'homme qui fait de travers tout ce qu'il fait, et se rend ridicule dans les choses les plus simples •.

��1. Arist., Poét.j c. IV : 'G y«P Mapy^tij; avaXoYOv 2/^ei, côoTCCp 'IXiàç xai 'OouaaEia icpô; xàç Tpayco^^a;, oGtco xal ouxo; izpoi xà; xcofibiS^aç.

2. MapY^TT)?, de [kipyoç, insensé.

3. Platon, Second Alcib,, p. 147 B : IldXX' 7)7c((TTotXQ ^pyoi, xaxcoç 8' TjîcfaTaxo wavxa.

4. Clém. d'Alex., Strom., I, p. 281.

5. Suidas, v. IT^Yp^jç (reproduit par Eudocie, Violar.y 814); Dion Cbrysost., Orat.j lxvi; Lucien. Herrnot., 17; Scol. ad Philo^ pseud.j 3. Harpocration, Mapy^XTjç. Hésychius, MapYijxrjî et MapY^Tijç. (Peut-être au mot MapYTJXT); trouve-t-on une allusion à une des aventures comiques du héros.)

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