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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t1.djvu/94

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INTRODUCTION

s’annonce dès la seconde moitié du viiie siècle et domine jusqu’à la fin du vie. Des sentiments plus personnels, une habitude de pensée plus mûre, un jugement plus ferme et plus varié sur les choses de la vie donnent naissance à l’élégie et à l’iambe. Puis les progrès de la musique, le goût des combinaisons rythmiques nouvelles et aussi l’essor plus libre de la passion produisent la poésie lyrique proprement dite. Malgré l’éclat des noms d’Alcée et de Sapho qui appartiennent à l’île éolienne de Lesbos, cette poésie peut être considérée comme surtout dorienne. C’est à Sparte, c’est dans le Péloponnèse, c’est dans les villes grecques de Sicile qu’elle grandit et s’épanouit bientôt par une floraison magnifique. Ce qui caractérise éminemment cet âge, c’est la croissance rapide de la raison qui s’associe à toutes les formes nouvelles d’une poésie pleine de force et d’éclat. Presque tous les grands poètes du temps, Archiloque, Simonide d’Amorgos, Callinos, Tyrtée, Alcée et Sapho, Stésichore, Arion, Théognis, Phocylide, Simonide de Céos et Pindare jugent de haut la vie humaine ; ils dominent de plus en plus l’antique mythologie et l’illuminent par des réflexions encore respectueuses, mais déjà hardies. On sent que la lumière se fait dans le monde des idées ; elle ne touche encore que les hautes cimes, mais elle les éclaire vivement.

Dans la fin de cette période, deux choses nouvelles apparaissent, la prose et la philosophie. Elles n’y ont encore l’une et l’autre qu’une importance secondaire, mais leurs premiers essais suffisent à montrer que le génie grec va entrer dans une phase nouvelle de son développement.

II. Période attique (ve et ive siècle). — C’est