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DIVISION EN PÉRIODES

ses dernières timidités et révèle l’âme tout entière chez Démosthène et Eschine, chez Lycurgue et chez Hypéride.

La philosophie, à la fin de la période ionio-dorienne, s’était produite avec hardiesse et grandeur, soit dans la prose, soit dans la poésie. Au début de la période attique, devenue plus mûre, elle rompt avec la poésie, et s’établit, pour ainsi dire, au cœur de la société cultivée. Son influence est grande au temps de Socrate, plus grande au ive siècle. Il y a encore un brillant reflet de l’ancienne poésie dans la prose de Platon. Chez Xénophon, c’est la sagesse du sens commun qui s’exprime seule dans une langue claire, élégante et finement exacte. Avec Aristote, nous voyons la philosophie devenir une science, aussi bien par la forme que par la méthode ; et toute l’école péripatéticienne reste fidèle à la tradition du maître. Les autres sectes suivent la même tendance. On discute, on s’attache aux idées abstraites : l’imagination et le sentiment ne figurent plus dans l’école que comme des matières d’observation et de raisonnement.

Ainsi durant les deux siècles de la période attique, nous voyons la prose se substituer en Grèce à la poésie et la réflexion l’emporter sur le jeu plus naïf et plus spontané des facultés. Toutefois la poésie subsiste encore dans le ive siècle, et la comédie moyenne ou nouvelle, entre les mains d’Antiphane, de Diphile, de Philémon et de Ménandre, produit des œuvres aussi charmantes qu’instructives. Mais cette poésie elle-même se ressent de la prédominance de la prose, dont elle se rapproche chaque jour. Elle n’a plus la hardiesse ni la liberté de celle d’autrefois. Elle est sage, réfléchie, pleine d’expérience et de modération. Elle se tient le plus près