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LITTÉRATURE ÉPISTOLAIRE


pour nous. Mais nous voyons, par les témoignages de Photius et par d’autres, que ces productions fastidieuses furent beaucoup lues et très admirées dans les siècles du moyen-âge byzantin ; et, à partir du xie siècle, quand une certaine renaissance d’art littéraire se produit à Byzance sous les Comnène, le roman reparaît[1]. Héliodore et Achille Tatios, considérés comme les maîtres du genre, trouvent alors des imitateurs dans Eustathios Macrembolitès, dans Constantin Manassès, dans Théodore Prodrome, qui est lui-même imité par Niketas Eugénianos. Ce nouveau roman est l’image ou la caricature de l’ancien, défiguré par un mélange de raffinement puéril et de grossièreté barbare.

Outre ces romans, les sophistes des derniers siècles nous ont laissé aussi un assez grand nombre de lettres, qu’il est impossible de passer complètement sous silence. Elles se répartissent en trois classes : lettres réelles, lettres fictives, lettres apocryphes. Chacun de ces groupes a ses caractères propres ; mais tous ont en commun le manque de vérité, l’affectation et la recherche, qui caractérisent la rhétorique d’alors. En cela, ce sont les mœurs qui font sentir leur influence, non les préceptes. Car la théorie scolaire fait de la simplicité la loi même du genre ; et cette théorie s’affirme alors plus que jamais dans les écoles. Démétrius de Phalère, autrefois, était censé avoir composé un opuscule conservé sur les diverses sortes de lettres (Τύποι ἐπιστολιϰοί (Tupoi epistolikoi)). L’auteur de même nom, qui a composé le traité De l’élocution (Περὶ ἑρμηνίας), a, lui aussi, un chapitre sur le même sujet ; et, au ve siècle, le platonicien Proclos le traitait encore dans des pages que nous pouvons lire[2]. Tous re-

  1. E. Rohde, Der Griech. Roman, p. 521 et suiv. Krumbacher, Gesch. d. byzant. Litt., § 156.
  2. Ces différents opuscules ou chapitres détachés se trouvent en tête des Epistolographi græci de Hercher, Bibl. Didot, Paris, 1871.