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DÉMÉTRIOS DE PHALÈRE

I

L’éloquence est, de tous les genres, celui qui a le plus souffert de cet état de choses[1]. Denys d’Halicarnasse, dans la préface de ses Jugements sur les orateurs anciens, dit que la mort d’Alexandre marque pour l’art oratoire le début d’une période de décadence lamentable et que c’est seulement la gravité romaine qui devait faire revivre le goût classique.


Au seuil de cette période, nous rencontrons un personnage que Quintilien appelle le dernier des orateurs attiques[2], mais qui est aussi le premier de la décadence, et qui d’ailleurs, par la variété de ses écrits, par son érudition, par sa philosophie, par sa vie elle-même et par ses mœurs, est un très curieux exemplaire de l’esprit du temps : c’est Démétrios de Phalère. On le range souvent parmi les philosophes ; à vrai dire, il fut surtout un polygraphe ; mais c’est peut-être comme orateur qu’il a eu le plus d’originalité. De toute façon, personne ne relie mieux que Démétrios de Phalère la philosophie aux autres formes de la littérature et n’ouvre plus convenablement l’étude de ces genres divers en prose qu’il a tous pratiqués[3].

  1. Sur l’ensemble de cette période, cf. Blass, Die griechische Beredsamk, in dem Zeitraum von Alex. bis Aug., Berlin, 1865.
  2. Quintilien, X, 1, 80.
  3. Vie dans Diog. L., V, 75-85. Cf. Ostermann, De Demetrii Phalerei vita, rebus gestis et scriptorum reliquiis, en deux parties, Hersfeld et Fulda, 1847-1857. — Les fragments de Démétrios sont réunis dans Müller (Didot), Fragm. Hist. graec., t. II, et Fragm. Orat. graec., t. II. Cf. aussi, pour les fragments oratoires, Sauppe, Oratores graeci, append., p.  344-346, Fragments épistolaires dans Hercher (Didot), Epistolographi græci.