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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/1034

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CHAP. VIII. — LA FIN DE L’HELLÉNISME


dans le détail. Les vices qu’il signale sont ceux de certains princes, et non ceux de l’institution impériale elle-même. Quant à la destruction de la religion nationale, il la considère en païen superstitieux, au jugement de qui les dieux, négligés ou reniés, ont retiré à l’empire leur protection. C’était déjà le point de vue d’Eunape. Comme lui aussi et pour la même raison, Zosime est sévère pour les empereurs qui ont favorisé le christianisme, pour Constantin et Théodose particulièrement. En somme, l’Histoire qu’il nous a laissée, sans répondre à ce qu’elle semble promettre, est encore une des meilleures œuvres historiques de ces derniers temps. Nette et judicieuse, bien informée, sincère, elle est de plus clairement écrite, sans longueur, sans mauvais goût, et d’une forme beaucoup moins prétentieuse que celle d’Eunape[1].

Des autres historiens du même siècle, dont il nous reste des fragments de quelque importance, deux seulement sont à distinguer ici : Priscos et Malchos. — Priscos, né à Panion en Thrace, fut sophiste, puis homme d’État sous Théodose II et Marcien[2]. Les Déclamations (Μελέται (Meletai)) et les Lettres que lui attribue Suidas sont perdues. Son œuvre historique, en huit livres, semble avoir porté le titre général d’Histoire byzantine (Ἱστορία Βυζαντιαϰή (Historia Buzantiakê)) ; mais diverses parties étaient désignées par des titres distincts (Τὰ ϰατ’ Ἀττήλαν, Ἱστορια Γοτθιϰή (Ta kat’ Attêlan, Historia Gotthikê)) ; elle se rapportait aux choses contemporaines[3]. Il nous en reste des fragments étendus, consistant en récits de

  1. Photius, cod. 98. Comme l’histoire d’Eunape, et pour les mêmes raisons, celle de Zosime fut soumise à une révision qui en fit disparaître les passages les plus offensants pour le christianisme. Cette seconde édition était déjà la seule que Photius put se procurer et c’est celle qui nous est parvenue.
  2. Suidas, Πρίσϰος Πανίτης (Priskos Panitês). C. Müller, Fragm. Hist. Gr., IV, p. 69.
  3. Évagrios, Hist. eccl., I, 16, 17.