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DÉMÉTRIOS DE PHALÈRE

traités dans le genre de ceux de Théophraste, des ouvrages d’histoire, des compilations érudites, des études de littérature et de rhétorique, des lettres, des œuvres oratoires. Il nous en reste fort peu de chose. Parmi ceux dont la perte semble particulièrement regrettable, citons : ses écrits politiques (notamment un traité Sur la Démagogie[1]); son Histoire de dix ans (Περὶ τῆς δεϰαετείας), récit de sa régence ; — son recueil des Fables Ésopiques ; — ses commentaires sur l’Iliade et l’Odyssée ; — sa Rhétorique, enfin, où il donnait sur Démosthène des informations de première main[2].

Comme orateur, Démétrios de Phalère ne nous est connu que par les jugements des critiques anciens, en particulier de Cicéron[3] et de Quintilien[4]. Mais ces jugements sont assez précis pour que nous puissions nous faire une idée de son éloquence. Elle avait au plus haut degré toutes les qualités d’élégance, de grâce, de fraîcheur agréable et brillante qui conviennent au « genre tempéré ». Elle ne manquait même pas d’une certaine vigueur philosophique[5]. Ce qu’on regrettait de n’y pas trouver, c’était la passion, la grande puissance oratoire,

  1. Cicéron goûtait fort chez Démétrios le philosophe politique. Cf. De offic. I, 1, 3 ; De Legibus, III, 6, 14.
  2. Cf. Plutarque, Démosth., 11. — Le Περὶ ἑρμηνείας qui nous a été conservé sous son nom est rempli d’observations intéressantes sur le style et sur le rythme oratoires. Mais c’est un ouvrage de date postérieure. Ce traité semble être d’un rhéteur de l’époque romaine (Cf. § 108, allusion aux laticlaves des patriciens), qui avait sous les yeux les premières éditions complètes d’Aristote (très souvent cité), et qui se rattachait par ses préférences littéraires à l’école classique de Denys d’Halicarnasse. Éditions de Walz. Rhetores graeci, t. IX, C. Müller, Orat. attici (Didot), II ; Spengel, Rhetores graeci, III. Trad. fr. de Durassier, Paris, 1875. — Cf. Dahl, Demetrios, Περὶ Ἑρμ., dans Berliner Philolog. Wochenschrift, 1896, n. 3. V. aussi la notice de Walz, en tête de son édition.
  3. Cicéron, Brutus. 9, 31 ; Orat., 27, 92 ; De Orat. II, 23, 95.
  4. Quintilien, X, 1, 80.
  5. Diog. L., V, 82.