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HISTORIOGRAPHIE ECCLÉSIASTIQUE

poétique, dix hymnes, qui appartiennent à diverses périodes de sa vie[1]. Ces hymnes sont en dialecte dorien et en mètres anacréontiques ou logaédiques ; peut-être ont-ils été composés pour être chantés. Dans les uns, l’auteur, encore païen, s’épanche en effusions mystiques et en rêveries de métaphysique néoplatonicienne ; dans les autres, devenu chrétien, il change de dogmes, sans changer de ton. Au reste, chrétienne ou païenne, toute cette poésie est médiocre. Elle est prolixe, surchargée de formules et de redites, et, malgré certains traits de sentiment ou d’imagination, elle n’arrive jamais à créer l’expression dont elle a besoin. Les autres écrits de Synésios suffisaient à prouver qu’il y avait en lui certaines facultés poétiques ; mais le poète, au sens complet du mot, ne se montre pas plus dans ses hymnes qu’ailleurs.

IX

Nous avons dit déjà quelles causes avaient préparé la décadence littéraire du christianisme grec, jusque dans son essor du ive siècle. Il s’agit maintenant d’en montrer les effets dans chacun des principaux genres que le ive siècle avait vus fleurir.

L’historiographie ecclésiastique était née avec Eusèbe, dont nous avons apprécié l’initiative dans le précédent chapitre. Sans être ni un historien philosophe ni un grand critique, celui-ci, grâce à une idée juste et à une remarquable puissance de travail, avait ébauché, dans un genre ancien, une spécialité nouvelle, dont il avait

  1. Éditions spéciales : J. F. Boissonade, Poet. græc. sylloge, t. XV. Paris, 1825 ; Christ et Paranikas, Anthol. græca carminum christianor., p. 3-23, Leipzig, 1871 ; J. Flach, Tübingen, 1875. — Les hymnes I-IV appartiennent à la première partie de la vie de Synésios ; les autres, à la seconde ou à la troisième.