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CHAPITRE III. — RHÉTORIQUE, HISTOIRE, ETC.

cut encore une dizaine d’années, et mourut après avoir achevé ses deux grands ouvrages : d’abord son Histoire de Sicile (Σιϰελιϰά, Σιϰελιϰαὶ ἱστορίαι), qui paraît avoir formé au moins quarante-cinq livres[1] ; ensuite son Histoire de Pyrrhus[2], qui faisait suite à la précédente, et qui se terminait à l’année 264. On cite encore sous son nom divers autres écrits, mais nous ne savons trop ce qui en était[3]. Nous ne savons guère non plus comment sa grande Histoire était composée. Le plus probable est qu’elle se divisait en plusieurs parties assez distinctes : une première (Ἰταλιϰὰ ϰαὶ Σιϰελιϰά), sur la géographie de la Sicile, ses premières relations avec l’Italie et les origines de son histoire ; une seconde (Σιϰελιϰά ϰαὶ Ἑλληνιϰά), sur la période de ses relations avec la Grèce, jusqu’au règne d’Agathocle, raconté en cinq livres ; une troisième enfin, qui groupait autour du nom de Pyrrhus toute l’histoire de la Grèce depuis la mort d’Agathocle (289) jusqu’au début de la première guerre punique (264)[4]. De cet immense ouvrage, riche en informations de toute sorte, il ne nous reste que de misérables lambeaux (cent cinquante-neuf fragments dans l’édition de Müller), et, comme les citations textuelles sont rares dans ce nombre, ce n’est guère que par les jugements des anciens (et en particulier à travers les critiques de Polybe) que nous pouvons nous faire une idée de ce que fut Timée de Tauroménium.

Polybe l’a sans cesse et cruellement attaqué[5]. Il l’ac-

  1. C. Müller, p. L et suiv. Cf. Susemihl, p. 569.
  2. Denys d’Halic., Antiq. Rom., I, 6. Cf. Polybe, I, 5, 1.
  3. Suidas parle d’une Συλλογὴ ἀφορμῶν ῥητοριϰῶν en 68 livres, par confusion sans doute avec le chiffre total de ses livres historiques (cf. Müller, p. LI ; Susemihl, p. 567, n. 246), trois livres Περὶ Συρίας (dont on ne sait rien), et des Χρονιϰὰ πραξίδια, qui semblent avoir été un extrait de son principal ouvrage (cf. Müller, p. LIV).
  4. Cf. C. Müller, p. LI.
  5. Surtout au livre XII, ch. 3-15 et 23-28, a. Pour les autres passages, v. l’Index de Polybe (éd. Hultsch), au mot Timaeus.