Aller au contenu

Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
128
CHAPITRE III. — RHÉTORIQUE, HISTOIRE, ETC.

gues, dont nous savons malheureusement fort peu de chose[1].

V

Cet esprit de curiosité érudite, qui a multiplié, après Alexandre, les recherches historiques de toute sorte, s’est fait sentir avec non moins de force dans un autre domaine jusque-là peu cultivé, mais que les circonstances mettent alors fort en vue, — le domaine grammatical et philologique.

Avant l’hégémonie macédonienne, les Grecs avaient été plus artistes et créateurs en littérature que théoriciens et savants. Déjà, pourtant, ils avaient commencé à réfléchir sur la langue dont ils se servaient et sur les œuvres qu’ils lisaient. Les premières études grammaticales remontent à Prodicos et aux plus anciens sophistes. Platon et Aristote avaient aussi touché par occasion à ces problèmes. On sait l’attention que leur donnèrent les stoïciens. La lecture assidue d’Homère et des vieux poètes lyriques ou gnomiques, qui formait le fond de l’éducation littéraire à Athènes, avait fait naître une sorte de philologie rudimentaire et instinctive. On peut dire, en un sens, que la philologie avait commencé avec la rédaction des poèmes homériques. Elle s’était créé peu à peu une sorte de tradition et des règles par l’étude de plus en plus constante de ces antiques chefs-d’œuvre. Au temps d’Isocrate, il y avait des sophistes qui faisaient profession d’expliquer et de commenter Homère[2]. Les « problèmes » et « questions

  1. Cf. Susemihl, I, p. 499 et suiv.
  2. L’un d’eux fut le célèbre Zoïle, celui qu’on surnomma « le fléau d’Homère » (Ὁμηρομάστιξ). Et Suidas, Ζωίλος. Voy. aussi A. Pierron, Iliade, Introd. du t. I, p. XXV, et t. II, append. VI. — Zoïle avait composé sur Homère un ouvrage en neuf livres, inti-