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CHAPITRE III. — RHÉTORIQUE, HISTOIRE, ETC.

peuple de sages[1]. Diodore de Sicile résume l’image qu’il avait tracée de leur manière de vivre[2]. C’est aussi Diodore qui nous donne les indications les plus précises sur ses Ægyptiaca[3]. On y trouvait, avec des descriptions de monuments, des informations abondantes, mais évidemment fantaisistes, sur les idées religieuses de l’ancienne Égypte et sur les emprunts que les sages de la Grèce, depuis Orphée jusqu’à Démocrite et Platon, n’avaient cessé de faire à la science des Égyptiens. La méthode d’Hécatée n’avait rien de critique : elle était à peu près la même, dans ces récits sur l’Égypte, que dans sa description des Hyperboréens. L’histoire n’était pour lui qu’un cadre, où il enfermait des vues personnelles et arbitraires sur la religion et sur la philosophie. Bien qu’il ait trouvé des imitateurs[4], son influence fut limitée et ne saurait se comparer à celle d’Évhémère.


Évhémère, de Messine en Sicile, fut l’ami de Cassandre, roi de Macédoine, qui paraît lui avoir confié certaines missions lointaines d’où il tira peut-être l’idée de son livre, ou du moins le cadre de ses fictions[5]. Cet ouvrage était intitulé L’Inscription sacrée (Ἱερὰ ἀναγραφή). Évhémère y racontait qu’après avoir parcouru la Phénicie et l’Égypte, il était arrivé dans l’Arabie Pé-

  1. Pindare, Pyth. X. 29-44. Cf. le poème attribué à Abaris (v. plus haut, t. II, p. 455).
  2. Diodore, II, 47.
  3. Diodore, I, 46-49. Cet ouvrage a été l’une des principales sources de Diodore pour ce qui concerne l’Égypte.
  4. Mentionnons ici son contemporain Amometos, l’auteur mal connu d’un ouvrage sur les Ἀτταϰόραι (Rohde, p. 217), c’est-à-dire sur les Utta Kourou de l’Inde ; et Iamboulos (Rohde, p. 224), qui avait composé aussi un livre de voyages plus ou moins imaginaires, où il décrivait des mœurs de fantaisie.
  5. Rohde, p. 220-224 ; Susemihl, I, p. 316-322. Cf. surtout De Block, Évhémère, Mons, 1869, et Némethy, Evhemeri reliquiae, Buda-Pesth, 1889. V. aussi C. Müller, Fragm. Hist. gr., t. II, p. 100, note sur les allusions anciennes à l’ouvrage d’Évhémère.