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CHAPITRE III. — RHÉTORIQUE, HISTOIRE, ETC.

vieux mythes et de leur donner une nouvelle raison de n’y pas croire. Pour des générations à la fois curieuses et incrédules, c’était double plaisir.


À côté de ces œuvres ou l’imagination romanesque est mise au service de certaines thèses historico-philosophiques, d’autres la faisaient servir à mettre en scène les grands hommes d’autrefois. C’est l’objet de la littérature pseudo-épistolaire, qui prend alors un grand développement. Quelques écrivains illustres avaient laissé des lettres authentiques. Isocrate, si soucieux de sa gloire, si foncièrement bel-esprit, avait peut-être recueilli les siennes. Les écoles philosophiques conservaient et lisaient sans doute des lettres de leurs maîtres, sans parler de celles qu’Épicure avait expressément rédigées en vue d’une publication au moins restreinte. De là, par une imitation ou la rhétorique, le goût de la fiction et certaines tendances philosophiques trouvaient également leur compte, tant de lettres apocryphes qui furent mises sous les noms de Platon, d’Aristote, de Démosthène, de Philippe et de bien d’autres. Nous n’avons pas à nous arrêter à ces exercices d’école, généralement insignifiants, sinon pour y signaler cette nouvelle apparition de l’esprit romanesque en quête de sa véritable voie[1]. »


Quant au roman proprement dit et au conte, c’est-à-dire au récit d’une action fictive servant de cadre à la peinture des mœurs, on en peut, à cette date, saisir quelques premiers vestiges, mais rares et faibles[2]. C’est dans la période alexandrine que furent composés ces Contes milésiens (Μιλησιαϰά) dont les officiers de l’armée de Crassus faisaient leurs délices et qui, trouvés par le

  1. Cf. Susemihl, II, p. 579 et suiv.
  2. Cf. Susemihl, II, p. 574-577.