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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/178

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CHAPITRE IV. — LA POÉSIE ALEXANDRINE

que la brièveté est une loi nécessaire de leur art savant et minutieux ; les Callimaque, les Théocrite le savent et le disent, malgré l’opposition d’Apollonios de Rhodes ; en cela, ils sont vraiment artistes, car ils saisissent avec justesse les conditions essentielles de l’accord à établir entre la nature de leur inspiration et la forme extérieure de leur art.

L’histoire de cette production poétique, à la fois abondante, très diverse, et fort maltraitée par le temps, est difficile à présenter d’une manière tout à fait satisfaisante. L’ordre chronologique est souvent impossible à établir avec rigueur. La division par genres, fréquemment adoptée par les historiens, a le double inconvénient de trop négliger l’ordre des temps, et de correspondre mal à ce fait capital que beaucoup de poètes alexandrins traitent à la fois plusieurs genres. Nous essaierons de montrer avec plus de précision et de souplesse l’évolution générale de l’art dans cette période confuse. Laissant entièrement de côté la nouvelle comédie attique, dont il a été parlé plus haut et qui n’a rien de vraiment alexandrin[1], négligeant aussi les productions tardives du lyrisme proprement dit (poèmes d’Isyllos à Épidaure[2], hymnes delphiques[3]), qui ne sont qu’un pâle reflet de la littérature antérieure, nous nous attacherons exclusivement aux œuvres caractéristiques du iiie et du iie siècle, et voici à peu près ce que nous tâcherons de mettre en lumière : 1o d’abord

  1. Cf. t. III.
  2. Texte publié, d’après une inscription sur marbre, par Kavvadias. Ἐφημερὶς ἀρκαιολ., 1885, p. 66 et suiv. ; cf. Wilamowitz-Mœllendorf, Isyllos von Epidauros. Berlin, 1886 (t. IX des Philol. Untersuch.) — Isyllos vivait au début du iiie siècle.
  3. Fouilles de Delphes. Cf. Bulletin de corresp. hellén., 1894 et 1895, articles de H. Weil et Th. Reinach. — Ces hymnes sont de la fin du iiie siècle : le grand intérêt de cette découverte est dans les notes musicales qui accompagnent le texte.