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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/194

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CHAPITRE IV. — LA POÉSIE ALEXANDRINE

d’Apelle et des fils de Praxitèle, dans le mime IV, nous reporte au même temps[1]. Hérodas fut donc un contemporain de Théocrite. Il serait intéressant de savoir s’il le précéda ou s’il le suivit. J’inclinerais à croire qu’il fut plutôt son modèle que son imitateur : outre que l’emploi du mètre choliambique se comprend mieux avant Théocrite qu’après lui, les passages où l’on peut saisir entre les deux poètes certaines analogies semblent conduire à la même conclusion[2]. Mais la chose, en somme, est douteuse[3].

Les mimes d’Hérodas sont de petites scènes dramatiques, à deux ou trois personnages le plus souvent ; un seul est un monologue. Ces personnages sont tirés de la vie réelle ; ce sont de petites bourgeoises, une entremetteuse, un marchand d’esclaves, un maître d’école, un cordonnier à la mode, etc. Le poète nous les montre dans le train journalier de leur existence. Point de grandes passions exceptionnelles, point d’intrigues compliquées et romanesques : c’est une heure de leur journée habituelle qui se déroule sous nos yeux, avec ses soucis vulgaires, ses amusements, ses petites passions, son caquetage familier. La vieille Gyllis vient faire à Métriché des propositions déshonnêtes de la part de Gryllos. Le marchand d’esclaves raconte au tribunal des mésaventures dont il demande justice. Métrotimé prie le maître d’école Lampiscos de châtier son garnement de fils, dont elle dit les mauvais tours. Deux femmes

  1. Cf. Ristelhueber, Introd., p. VIII-XIV.
  2. Le début du mime VI rappelle le début des Syracusaines de Théocrite ; mais il semble que la vivacité rapide de Théocrite soit une forme revue et corrigée du motif développé par Hérodas avec plus d’insistance.
  3. S’il était vrai que le βασιλεὺς χρηστὸς du mime I, v. 30, fût Évergète, comme le croient certains interprètes, il faudrait placer Hérodas un peu plus tard ; mais ce roi parait être plutôt Philadelphe. Cf. Ristelhueber, p. IX.