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CHAPITRE IV. — LA POÉSIE ALEXANDRINE

chose mystérieuse qui distingue le très habile versificateur du véritable poète.


Les autres œuvres de Callimaque, que nous connaissons mal, devaient cependant ressembler beaucoup à ses Hymnes par leurs côtés les plus importants.

Parmi ses poèmes élégiaques, les plus célèbres étaient, outre l’Hymne à Pallas, son grand ouvrage des Causes (Αἴτια) et le poème sur La chevelure de Bérénice. — Celui-ci avait inspiré à Catulle tant d’admiration qu’il l’avait traduit littéralement[1]. L’original grec est perdu, mais la traduction de Catulle nous en donne une fidèle image. C’est un jeu d’esprit par le fond et par la forme. La reine Bérénice, au moment où son mari allait partir pour une expédition militaire, avait promis de consacrer une boucle de ses cheveux à Aphrodite, afin d’assurer au roi un heureux retour. Le vœu accompli, la boucle de cheveux disparut du temple. L’astronome Conon, bon courtisan, déclara qu’elle avait été transformée en une constellation qu’il venait de découvrir dans le ciel. Callimaque fait parler la chevelure : elle raconte comment elle est devenue constellation, et elle regrette galamment son premier séjour. Sur ce canevas léger, le poète brode tour à tour des vers astronomiques, puis des descriptions spirituelles et un peu libertines de l’amour conjugal, enfin des maximes assez inattendus sur la sainteté du mariage. Tout cela forme un badinage assez agréable, mais fait trop songer aux petits poètes du xviiie siècle. — Le poème des Causes était une œuvre beaucoup plus considérable[2]. Il comprenait quatre livres, ainsi qu’on le voit par les citations des grammairiens. Ces citations, malheureusement, sont trop peu

  1. V. Couat, p. 113-120.
  2. V. Couat, p. 422-169.