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ÉRATOSTHÈNE, PARTHÉNIOS DE NICÉE

son goût, bien alexandrin, pour les aventures romanesques et les métamorphoses[1].


L’élégie, si cultivée par la première génération alexandrine, inspira encore à Ératosthène un poème assez célèbre, son Érigone, dont il nous reste quelques vers à peine[2]. On sait qu’Érigone était la fille de cet Icarios à qui Dionysos avait enseigné l’art de cultiver la vigne. Érigone, selon la légende, fut changée en constellation avec son chien[3]. Il est aisé de voir que le poème d’Ératosthène devait ressembler, par l’inspiration, aux Αἴτια de Callimaque : c’était une élégie mythologique et savante, où le grand astronome introduisait encore, par un détour, sa science préférée. L’œuvre était d’ailleurs élégante, sans faiblesses, mais sans beautés de premier ordre[4].


Après Ératosthène, il faut descendre jusqu’au ier siècle pour rencontrer de nouveau un poète qui se soit fait un nom comme élégiaque : c’est Parthénios de Nicée, l’ami de Gallus[5]. Il vint à Rome en 73, comme prisonnier, après la prise de sa patrie par un lieutenant de Lucullus. Son talent lui valut la liberté, selon Suidas. Il fut lié avec Cornelius Gallus et connut probablement Virgile[6], qui traduisit un de ses vers dans les Géorgiques[7]. Nous avons de lui un ouvrage en prose, Les souffrances d’amour (Περὶ ἐρωτικῶν παθημάτων), qu’il avait composé

  1. Rohde, Griech. Roman, p. 92-93.
  2. Anthol. de Jacobs, I, p. 221.
  3. Cf. Ovide, Métam., VI, 195.
  4. Longin, Sublime, 33, 5.
  5. Notice de Suidas. Cf. Susemihl, I, p. 191-195. — Fragments dans Meineke, Analecta Alexandrina, p. 253-338.
  6. Un texte de Macrobe (Sat. V, 11, 18) fait même de Parthénius le maître de grec de Virgile.
  7. Géorg. I, 437. Cf. Aulu-Gelle, XIII, 27, 4.