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CHAPITRE IV. — LA POÉSIE ALEXANDRINE

gies postérieures, remaniements de celle-ci, allégées malheureusement d’un certain nombre des pièces les plus anciennes et mises au goût du jour par l’addition incessante de pièces nouvelles. Ce travail de remaniement, commencé dès le premier siècle de l’ère chrétienne, se continue encore, à Byzance, au xe siècle, avec Constantin Céphalas, et au xive siècle avec Planude. Nous y reviendrons plus loin, pour l’embrasser dans son ensemble. Toute cette bibliothèque anthologique a pour origine la Couronne de Méléagre, et il est juste de lui en savoir gré.

Mentionnons encore, sans y insister, deux poètes un peu plus jeunes, Philodème et Archias, qui ne figuraient pas dans la Couronne primitive, mais que Philippe de Thessalonique introduisit dans la nouvelle édition qu’il en donna sous les premiers empereurs : on le voit par la préface en vers qu’il y avait mise, à l’exemple de Méléagre[1]. — Philodème, né à Gadara comme Méléagre, est un philosophe épicurien que nous retrouverons plus loin[2]. Nous avons de lui une trentaine d’épigrammes qui ne sont ni meilleures ni pires que beaucoup d’autres[3]. — Archias est le poète épique, client de Cicéron, dont il a été parlé plus haut.


Avec Philodème et Archias, nous sommes arrivés aux confins de la période romaine. Malgré quelques chefs-d’œuvre et quelques pièces au moins agréables rencontrés chemin faisant, il est clair que nous avons descendu une pente. La grande inspiration nationale des âges classiques a disparu. La grande inspiration individualiste n’est pas née encore : elle s’essaie à la peinture de

  1. Anthol. Pal., IV, 2.
  2. V. ch. VI.
  3. Anthol. Pal., II, p. 70-79.