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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/291

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SES VOYAGES D’ÉTUDE

ouvrage (VI, XI, XXXIV) étaient presque uniquement remplis par d’amples exposés géographiques. Strabon cite sans cesse ses descriptions et ses évaluations de distances[1]. Lui-même nous a fréquemment parlé de ses voyages. Beaucoup de ceux-ci avaient eu pour occasion immédiate des expéditions militaires, des négociations diplomatiques, des affaires ; quelques-uns mêmes n’avaient été en principe que de simples déplacements de chasse, surtout en compagnie de Scipion[2]. Mais, en toute circonstance, l’observateur curieux trouvait son compte, et le géographe faisait ses provisions. Il parcourut ainsi, à maintes reprises, la plus grande partie de la Grèce et de l’Italie, l’Égypte, la Sicile, comme on le voit par de nombreux passages de ses récits. Mais il fit mieux encore : il entreprit de véritables voyages d’exploration. Dans un très beau passage du IIIe livre (ch. 58 et 59), il rappelle les difficultés presque insurmontables qui s’opposaient jadis, dans le morcellement et la barbarie universelle du monde ancien, aux lointaines explorations. Désormais, les conquêtes d’Alexandre et celles de Rome ont rendu ce genre de voyages sinon faciles, du moins possibles. Il a donc voulu parcourir des régions nouvelles ou peu connues. Il a visité, non sans danger, la Libye, l’Ibérie, la Gaule jusqu’à la mer extérieure (l’Océan) ; il a parcouru les Alpes, afin de mieux comprendre la marche d’Annibal[3]. Il ne néglige pas l’astronomie, qu’il juge nécessaire en quelque mesure à un bon général[4], et sur laquelle il avait peut-être écrit lui-même[5]. Mais il n’est pas, cependant, un géographe savant de l’école des Pythéas et des Ératosthène : il est

  1. Cf. Dubois, p. 299-300.
  2. Polybe, XXXI, 22, 3 ; XXXII, 15.
  3. Polybe, III, 48, 12.
  4. Polybe, III, 14.
  5. V. plus haut, p. 261.