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CHAPITRE VI. — LES GRECS À ROME

En médecine déjà, la décadence est frappante. Nous ne trouvons plus, à la fin du second siècle et au début du premier, un seul homme vraiment grand. Les deux noms marquants de cette période sont ceux d’Héraclide et d’Asclépiade, qui ne sont que des hommes habiles. — Héraclide, né à Tarente, à une date qu’on ne peut préciser, fut surtout remarquable, au dire de Galien, par les progrès qu’il fit faire à la préparation des médicaments[1] : en d’autres termes, il fut un excellent pharmacien, un des inventeurs de la pharmacie. Parmi ses ouvrages, dont nous ne connaissons guère que les titres, il y avait des Commentaires sur Hippocrate[2]. — Quant à Asclépiade, né à Pruse, en Bithynie, vers le même temps qu’Héraclide, c’est surtout un type curieux de médecin beau parleur, inventeur de remèdes nouveaux, de ces remèdes qui font fureur pendant dix ans et ne guérissent que tant qu’ils sont à la mode[3]. Il avait commencé par être rhéteur. Il porta dans la médecine ses qualités et ses défauts de rhéteur, assurance imperturbable, connaissance des hommes, habileté à s’exprimer, facilité à construire de belles théories. Il avait exposé son système dans de nombreux écrits qui sont perdus. En somme, il avait eu, semble-t-il, quelques idées justes au milieu de bien des théories superficielles, et surtout il gagna beaucoup d’argent. Notons encore qu’il vint à Rome et que c’est sur ce nouveau théâtre, devenu le plus illustre du monde antique, qu’il édifia son immense et éphémère réputation[4].

  1. Galien, XI, 794.
  2. Cf. Susemihl, II, p. 419-423.
  3. V. surtout Pline, H. Nat., XXVI, § 12 et suiv.
  4. Cf. Susemihl, II, p. 428-440.