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PERGAME, ANTIOCHE, ETC.

quelques poètes étrangers, mais le pays lui-même ne produisit rien de notable jusqu’au temps de l’empire.

À côté de ces trois grandes villes, il faut encore nommer Syracuse, qui eut, sous Hiéron II, la gloire de produire le plus grand poète et le plus grand ingénieur de cette période, Théocrite et Archimède.

Il faut aussi accorder un souvenir à quelques villes qui furent, au moins en passant et par une heureuse fortune, de petits foyers littéraires : Cos, par exemple, à cause du poète Philétas, et Rhodes, à cause de son école de rhétorique si souvent mentionnée par Cicéron ; — ou encore à une cité comme Tarse, en Cilicie, que Strabon nous montre si ardente à l’étude, une véritable pépinière de travailleurs, mais qui ne les forme pas elle-même, faute de ressources, et qui se contente de les envoyer dans les grandes cités[1]. La petite ville de Soles, voisine de Tarses, produit, dès le IIIe siècle, le péripatéticien Cléarque et le stoïcien Chrysippe. En somme, on travaille partout dans le monde grec, et parfois même en dehors. Il y a des hellénisants jusqu’à Carthage, où Hannibal savait le grec[2], ou Carnéade trouvait son meilleur disciple, un certain Asdrubal, qui prit le nom grec de Clitomaque. Mais ce sont là des faits isolés, dans le détail desquels nous n’avons pas à entrer ici. Ce qui détermine, en résumé, les caractères généraux de la littérature de ce temps, hors d’Athènes (ajoutons si l’on veut, mais dans une certaine mesure seulement, hors de Syracuse et de quelques villes purement grecques), c’est l’état de choses qui règne à Alexandrie, à Pergame, à Antioche. Ce sont ces conditions qu’il s’agit de définir et dont nous avons à déduire les conséquences. Quel est donc le public auquel s’adressent les écri-

  1. Strabon, XIV, p. 673.
  2. Corn. Nepos, Hannibal., 13 ; Justin, XX, 5, 11.