Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/343

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
325
VUE D’ENSEMBLE

cela, des affirmations définies, des promesses précises, des prescriptions fermes. Enfin, il avait pour lui la foi de ses premiers adhérents, leurs vertus, et l’héroïsme de ses martyrs.

Dès qu’il eut vaincu les premières difficultés, il grandit rapidement à côté de l’hellénisme ; et il le dessécha dans ses racines, en attirant à lui, pour ainsi parler, toute la sève de la terre. Les premiers apologistes, au second siècle, sont en général de faibles écrivains et de médiocres penseurs. Mais ils manifestent une force qui n’a besoin ni de style ni de dialectique, celle de la croyance et de l’amour. C’est par la foi, et non par le raisonnement, que le christianisme a détruit l’hellénisme. Le raisonnement au contraire, même chez les docteurs chrétiens, tendait plutôt à le sauver, en l’incorporant, plus ou moins modifié, à la croyance nouvelle. Cela est bien sensible chez les théologiens du iiie siècle, chez Clément et chez Origène. L’un et l’autre se rattachent à Platon pour la métaphysique, au stoïcisme pour la morale. Ils tendent donc à fondre l’hellénisme dans le christianisme, et ils préparent ainsi l’union éphémère qui va se réaliser après eux.

IV

Tout stérilisé qu’il fût déjà, l’hellénisme semble reprendre quelque vie au ive siècle. Après les guerres civiles et l’anarchie de la seconde moitié du iiie siècle, l’empire, réorganisé par Dioclétien, retrouve quelque prospérité. Les écoles, en particulier, se relèvent pour un peu de temps, et c’est par elles que la tradition grecque profane se perpétue. Ses principaux représentants au ive siècle siècle sont des maîtres de rhétorique, tels qu’Himérios et Libanios ; des philosophes enseignants, comme Jambli-