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DENYS D’HALICARNASSE

l’appui des jugements émis. L’étude sur Lysias est particulièrement intéressante et tout à fait propre à faire apprécier le sens critique et le bon goût de Denys.

Le Dinarque est indépendant du précédent ouvrage, mais s’y rattache pourtant par le dessein et a dû le suivre d’assez près. L’auteur veut compléter sa première série d’études (c. 1). Toutefois, sa méthode est un peu différente, en raison même du sujet. Dans les Observations sur les anciens orateurs, Denys était préoccupé principalement de dire ce qu’il fallait admirer et imiter chez ses auteurs : ici, l’authenticité de beaucoup de discours attribués à Dinarque étant douteuse, il s’attache à bien établir les caractères qui permettront à ses lecteurs de reconnaître ce qui est de lui.

On peut rapprocher de ces écrits la Première lettre à Ammæos, dont la date est incertaine. C’est une simple discussion de chronologie, provoquée par un incident de dispute littéraire. Un philosophe péripatéticien s’était fait fort, en présence d’Ammæos, de démontrer que Démosthène devait son éloquence aux préceptes d’Aristote. Indigné, Denys le réfute, en établissant que tous les grands discours de Démosthène sont antérieurs à la publication de la Rhétorique. Sa réfutation, fondée sur les témoignages des historiens, est un document capital pour le classement chronologique de ces discours.

Le Traité de l’arrangement des mots (Περὶ συνθέσεως ὀνομάτων), œuvre de la maturité de l’auteur[1], est aussi

  1. Dans le préambule, Denys oppose à l’étude de la forme celle du fond, qui doit être réservée à une intelligence en pleine vigueur et à l’âge où les cheveux blanchissent. Celui qui écrit cela est évidemment un homme mûr. D’autre part, cet ouvrage est antérieur au Style de Démosthène, qui le cite à deux reprises (ch. xxxxix et L). Il est vrai que Blass (ouv. cité, p. 8) a cru trouver au ch. xi du π. συνθ. une référence au Style de Dém., ce qui renverserait le rapport chronologique ; mais il y a là, je crois, une simple erreur ; le ch. xi du π. συνθέσ. se réfère, selon moi, aux ch. xxi et suivants du même ouvrage.