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DENYS D’HALICARNASSE

sans doute la raison principale qui lui fit écrire son grand ouvrage intitulé Antiquité romaine (Ῥωμαϊκή ἀρχαιολογία), c’est-à-dire Histoire primitive de Rome.

L’histoire de Rome était devenue, par suite des événements qui avaient changé la face du monde, le plus grand et le plus beau sujet historique qu’il y eut alors. D’autres Grecs, comme on l’a vu, avaient déjà raconté, depuis un siècle et demi, la série de victoires qui, à partir des guerres puniques, avaient fait du peuple romain le maitre du monde. Mais l’histoire des premiers siècles, si curieuse, si riche d’enseignements, si nécessaire à l’intelligence des temps ultérieurs, aucun d’entre eux encore ne l’avait retracée en détail[1]. Denys comprit qu’il y avait là matière à une grande œuvre, et il crut pouvoir l’accomplir.

Le plan qu’il conçut était aussi large que possible. Partant de la fondation de Rome, son récit s’élendait jusqu’à la première guerre punique, c’est-à-dire jusqu’au temps où commençait celui de Polybe[2]. Il embrassait donc cinq siècles ; et, dans cette longue période, l’auteur se proposait de mener de front l’histoire des institutions et des mœurs avec celle des guerres et des traités. Il voulait que son ouvrage fût utile aussi bien aux hommes d’État qu’aux hommes de guerre, et qu’il fournit en outre une lecture pleine d’intérêt à tous les esprits curieux[3].

Pénétré de l’importance de sa tâche, Denys, malgré ses préoccupations littéraires, voulut s’y appliquer sérieusement. De l’an 30 à l’an 8 avant notre ère, il fut à l’œuvre constamment pour réunir ses informations,

  1. Hist. prim. de R., I, ch. viii, fin.
  2. Il formait 29 livres. Nous possédons encore les 11 premiers, à peu près complets, et seulement un certain nombre de fragments des 9 derniers.
  3. Hist. prim. de R., I, viii.