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STRABON ; SA GÉOGRAPHIE

ressemblait sensiblement au premier : mais il en différait par le cadre et par la proportion des éléments dont il était fait. Dans ses Études historiques, Strabon avait voulu faire connaître l’ensemble du monde par son histoire, et il en avait surtout défini l’état présent, en montrant comment il s’était transformé depuis un siècle. Dans ses Études géographiques, il se proposait également de faire connaître l’ensemble du monde, mais par la géographie, et il en définissait aussi l’état présent ; mais en rappelant comment il se rattachait au passé : S’adressant toujours au même public, il devait employer la même méthode : laisser de côté tout ce qui n’intéressait que les spécialistes, négliger les détails minimes ; choisir et condenser, dans un exposé clair et rapide ; ce que tous les hommes bien élevés avaient besoin de savoir, surtout ceux qui participaient aux affaires publiques[1]. Il fallait pour cela se servir discrètement de la géographie mathématique, en lui empruntant seulement quelques grandes notions préliminaires, qui permettraient de définir la forme du monde et d’asseoir ensuite sur un fondement solide les mensurations et les déterminations de climats ; — puis, s’attacher à la géographie physique, décrire les continents et les mers ; le relief du sol et le cours des eaux, faire ressortir ce que chaque région avait de propre et les conditions qu’elle imposait à la vie des hommes ; — enfin (et ce devait être là le principal), dans le cadre ainsi tracé, distribuer les races humaines, expliquer d’où procédait leur état présent, rappeler à grands traits ce qu’elles avaient fait du sol qui leur appartenait, quelles villes elles avaient fondées, quels grands travaux exécutés, quelles voies de communication ouvertes, et même, en quelques mots, comment elles s’étaient illustrées. La géogra-

  1. Géogr., I, p. 43.