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CHAPITRE II. — D’AUGUSTE À DOMITIEN

tendait depuis les origines de l’humanité jusqu’au temps d’Auguste. Par l’ampleur de son plan, elle répondait bien au goût d’un siècle qui aimait ces grands répertoires de faits, faciles à lire et à consulter. Mais les proportions du développement variaient selon les temps. La partie moderne y était traitée avec beaucoup plus d’étendue que la partie ancienne ; car nous voyons que, dès le 96e livre, l’auteur racontait les guerres de Mithridate et de Tigrane[1]. Par conséquent, une cinquantaine de livres au moins, plus du tiers de l’ouvrage, se rapportaient à l’histoire du dernier siècle. Composée pour distraire Hérode, cette immense narration dut être lue, à mesure qu’elle était écrite, c’est-à-dire livre par livre, devant le roi et les Grecs lettrés dont il aimait à s’entourer. Ces conditions obligeaient l’auteur, qui n’était d’ailleurs historien que par occasion, à travailler vite et à se préoccuper surtout de plaire. Lorsqu’il nous parle du labeur d’Hercule qu’il eut à accomplir[2], cela s’entend du dépouillement des ouvrages antérieurs, mais nullement de recherches personnelles. Il ne semble pas cependant qu’il ait copié, à proprement parler, aucun de ses prédécesseurs[3]. Sa

    græci minores, de Dindorf (Bibl. Teubner), t. I, p. 1-156. — Il nous reste un certain nombre de fragments, quelques-uns même fort étendus, des huit premiers livres, grâce aux extraits qu’en fit faire l’empereur Constantin Porphyrogénète ; puis, des fragments plus courts des cinquante derniers livres ; nous n’avons rien du milieu de l’ouvrage.

  1. Joseph, Antiq. juive, I, 3, 6.
  2. Autobiogr., ch. iv.
  3. Il n’y a rien à conclure de ce que les frag. 68 et 69 sont purement et simplement des pages de Denys d’Halicarnasse. Cela doit provenir d’une erreur du scribe qui composait les Excerpta de Constantin Porphyrogénète ; il a mis sous le nom de Nicolas ce qui était de Denys. On ne saurait admettre que Nicolas ait ainsi transcrit littéralement des passages d’un ouvrage tout récent, au risque de se faire démasquer et dénoncer par les lettrés envieux qui ne devaient pas manquer autour de lui.