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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/442

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CHAPITRE II. — D’AUGUSTE À DOMITIEN

bord, puis sous Claude, les Juifs d’Alexandrie, mal vus de la population grecque ou égyptienne, furent en butte à de terribles épreuves. On excita contre eux la colère du prince, on les massacra, on voulut les forcer à introduire dans leurs synagogues les statues des empereurs. Dans ces cruelles circonstances, Philon, déjà vieux, ne manqua, pas à son peuple. Il s’arracha à la retraite qu’il aimait, à ses études chéries, pour remplir le rôle dangereux dont la confiance des siens voulait l’investir. Il se rendit en ambassade à Rome auprès de Caligula, il y retourna peut-être encore sous Claude. Rentré sain et sauf à Alexandrie, il semble y avoir achevé sa vie studieuse en écrivant jusqu’à la fin[1].

Les écrits de Philon étaient très nombreux. Notre collection, quoique fort étendue, n’est pas complète. Elle s’est grossie pourtant, depuis le siècle dernier, de quelques ouvrages, ou parties d’ouvrages, qui ont été retrouvés dans une version arménienne et traduits en latin, et aussi d’un petit nombre de traités et de fragments, découverts dans diverses bibliothèques. Elle peut par suite s’enrichir encore. Telle que nous la possédons, elle soulève des questions d’authenticité, de classement et de chronologie, qui sont loin d’être résolues[2]. Ne pouvant

  1. La légende des rapports de Philon avec l’apôtre Pierre et son disciple Marc ne repose que sur des combinaisons arbitraires, sans valeur historique. Elle semble provenir, comme on peut le conjecturer par le témoignage de Photius (Biblioth., 105), de ce qu’on a cru voir dans les thérapeutes décrits par Philon des cénobites chrétiens.
  2. Entre les nombreux écrits relatifs à ces questions, indiquons seulement les plus importants. Daehne, Ueber die Schriften Philo’s, 1833, et Geschichtliche Darstellung der jud. Alexandrinischen Religionsphilosophie, 1834 ; Gfrörer, Kritische Geschichte des Urchristenthums, 1835 (le t. I est relatif à Philon) ; Grossmann, De Philonis Judæi operum continua serie et ordine chronologico, 1841-42 ; Schürer, ouv. cité ; enfin Massebieau, Du classement des œuvres de Philon, dans la Biblioth. de l’École des Hautes Etudes, sect. des sc. relig., t. I : nous suivons en grande partie les indications données dans cette dis-