Aller au contenu

Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/478

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
460
CHAPITRE III. — RENAISSANCE AU IIe SIÈCLE


L’enseignement d’Épictète était purement oral : aux leçons proprement dites, où il exposait sans doute les doctrines traditionnelles de l’école, s’ajoutaient des entretiens familiers, dans lesquels le maître, répondant aux questions variées qu’on lui posait, touchait à une foule de points de morale pratique. Ce sont des entretiens de ce genre qui furent recueillis par Arrien. Il les avait notés, au jour le jour, et, quand Épictète fut mort, ne se sentant pas le droit d’en refuser à d’autres le profit, il en laissa prendre copie à quelques personnes. Ils se répandirent ainsi dans le public. Alors seulement, Arrien se décida à les publier[1].

Pressé par le temps, et sentant bien d’ailleurs, comme il le dit dans sa préface, que de tels enseignements n’avaient pas besoin d’être ornés, il donna au public ses notes telles qu’elles étaient. Voilà pourquoi le livre doit être considéré comme l’œuvre d’Épictète lui-même, et non comme celle d’Arrien. Partout, nous y entendons l’accent du maître, nous y trouvons ses formes de langage brusques, ses comparaisons vives ; c’est la parole vivante, surprise et notée dans sa négligence, mais aussi dans son originalité première. Ce qui nous reste de ces Entretiens forme quatre livres. L’ouvrage entier en comprenait probablement huit ou douze, selon la manière de le diviser[2].

  1. Entretiens, Lettre préliminaire.
  2. Ces Entretiens sont cités dans l’antiquité sous des noms divers, Διατριϐαί (Diatribai), dissertationes, διαλέξεις, ὁμιλἰαι, λόγοι, ὑπομνήματα, ἀπομνημονεύματα, σχολαί (dialexeis, homiliai, logoi, hupomnêmata, apomnêmoneumata, scholai), etc. Le titre dans nos mss. est Διατριϐαί (Diatribai), mais Arrien lui-même, dans sa lettre-préface à L. Gellius, les appelle λόγοι (logoi) et ὑπομνήματα (hupomnêmata). On admet généralement, et il me paraît évident que tous ces titres désignent un seul et même ouvrage : car Aulu-Gelle, témoin récent et bien informé, ne connaît manifestement qu’un seul recueil, et il en est de même de Simplicius (Préface du Commentaire sur le Manuel), qui s’est occupé très spécialement d’Épictète. Ce qui est plus décisif encore, c’est qu’Arrien lui-même, dans la lettre qui précédait le Manuel, déclarait l’ex-