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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/508

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CHAP. III. — RENAISSANCE AU IIe SIÈCLE

fondé sur une conviction profonde, était au contraire d’en faire sentir la permanence, en l’adaptant au présent. Il en dégageait un idéal, qui était le meilleur qu’il y eut alors dans le monde, à en juger par les preuves qu’il avait données de son excellence.

V

Dans ces conditions, il était naturel que Plutarque écrivît beaucoup, et qu’il ne composât jamais un grand ouvrage. La collection de ses écrits, touchant à la morale, aux sciences, à la philosophie, à la littérature, à l’histoire, était si ample et si variée, qu’elle fut particulièrement exposée à tous les risques d’altération. Nous ne pouvons que très imparfaitement en suivre l’histoire, faute de témoignages précis[1]. Beaucoup de ces écrits ont été perdus, d’autres ont été mutilés ou abrégés, ou ne nous sont parvenus que sous forme d’extraits ; enfin, des ouvrages étrangers y ont été mêlés. La collection que nous possédons semble avoir été constituée au xe siècle, lorsque déjà l’œuvre de Plutarque avait beaucoup souffert ; elle a été établie d’après des manuscrits très défectueux, où se trouvait plus d’une lacune ; et celui qui l’a formée y a reçu sans critique un grand nombre d’écrits de diverses provenances[2]. Un peu auparavant, un autre savant byzantin avait composé, sous le nom d’un prétendu Lampriss, fils de Plutarque[3], un catalogue, dont nous possédons encore la plus grande partie (210 numéros) : les œuvres alors attribuées au philosophe y sont énumérées, et nous y voyons figurer, à côté de celles que nous possédons, une foule d’écrits qui ont disparu.

  1. L’ouvrage capital sur ce sujet est celui de Volkmann, déjà cité. Voy. seconde partie, p. 99-289, Plutarchs Schriften.
  2. Volkmann, p. 102.
  3. Suidas, Λαμπρίας. Voyez Volkmann, p. 108.