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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/53

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THÉOPHRASTE

pendant l’anecdote de la marchande d’herbes qui, à un léger accent, le reconnut pour étranger. Suivant une autre anecdote, Aristote aurait réédité à son sujet, en l’opposant à Callisthène, le mot de Platon sur Aristote lui-même et sur Xénocrate, dont l’un avait besoin du mors et l’autre de l’éperon[1]. Sauf un exil momentané en 318, lors de l’édit de Démétrius Poliorcète contre les écoles de philosophes, sa vie se passa sans événements, toute remplie par l’enseignement et par la composition de ses livres. Il eut, dit-on, dans sa longue vie, jusqu’à deux mille disciples : on cite parmi eux, en dehors des philosophes proprement dits, l’orateur Dinarque et l’homme d’état Démétrius de Phalère. Ses écrits furent en nombre immense. Diogène Laërce en énumère près de deux cent quarante, dont quelques-uns fort étendus. Même en faisant, dans ce catalogue, une large part aux doubles emplois et aux fausses attributions, dont beaucoup sautent aux yeux, il reste encore une somme d’écrits surprenante. Quand on en parcourt les titres, on voit que Théophraste, comme Aristote, avait touché à toutes les parties de la science. Son œuvre est une encyclopédie. Il a traité de métaphysique, de logique, de politique, de morale, de rhétorique, de poétique, de sciences naturelles ; il en a traité dogmatiquement et historiquement ; il a cherché le vrai pour son compte et rapporté les opinions des autres. Une foule de ces titres sont semblables à ceux des traités d’Aristote : Théophraste repasse sans cesse sur les traces de son maître, pour éclaircir, pour compléter, pour approfondir, pour voir les faits de plus près et étudier les opinions antérieures. Ce qui l’a le moins occupé, c’est la recherche métaphysique proprement dite. Nous en avons dit la raison : le Lycée a toujours cru qu’Aristote avait atteint sur ce point la vérité totale. Parmi les plus importants et les plus célè-

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