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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/540

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CHAP. III. — RENAISSANCE AU IIe SIÈCLE

les Thériaques de Nicandre ; quelques débris de ces commentaires sont encore mêlés aux scolies de ces deux poèmes. Mais ses principales œuvres de critique littéraire étaient la Comparaison entre Aristophane et Ménandre dont il nous reste un abrégé, l’écrit Sur la malignité d’Hérodote, que nous possédons en entier, et le traité Sur la manière de faire lire les poètes aux jeunes gens, également conservé[1].

La Comparaison entre Aristophane et Ménandre révèle un sentiment juste des mérites de Ménandre, mais une complète inintelligence du théâtre d’Aristophane. Non seulement la moralité délicate de Plutarque est choquée de la licence grossière de l’ancienne comédie, mais en outre la critique qu’il en fait au point de vue littéraire montre que la nature propre de cette forme dramatique lui échappait entièrement. L’hellénisme de Plutarque, comme celui de ses contemporains, laissait tomber peu à peu tout ce qui dans les œuvres nationales était trop particulier, trop spécial à un lieu et à un temps, pour n’en garder que ce qui était universel et humain.

Il n’est pas fort surprenant qu’un homme d’esprit et de cœur, mais si peu capable de sortir de lui-même pour juger les choses d’autrefois, ait écrit la dissertation Sur la malignité d’Hérodote[2]. Le grand historien, très

  1. L’écrit Sur la musique, dont une notable partie consiste en extraits d’anciens auteurs spéciaux, notamment d’Aristoxène, est considéré par plusieurs critiques, et entre autres par Westphal (dans la préface de son édition de ce traité), comme un ouvrage de la jeunesse de Plutarque. Volkmann (ouv. cité, 2e partie, p. 475) me semble avoir établi solidement qu’il n’est pas de lui.
  2. L’authenticité de cet écrit a été très sérieusement contestée. Voir surtout Baehr, dans son édition d’Hérodote, t. IV, 2e édit., p. 484, et Dochner, Quæstiones Plutarcheæ, III, p. 52. Volkmann reste dans le doute en inclinant vers la négation (ouv. cité, II, p. 341). Mais il faut avouer qu’aucune raison décisive n’a été produite. Au contraire, Holzapfel (Philol., t. XLII) a fortement motivé ses conclusions en faveur de l’authenticité ; elles ont été admises par