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PHILOSOPHES SECONDAIRES ; FAVORINUS

le propager, selon la mesure de leurs forces. Nous n’avons pas à insister ici sur des noms tels que ceux du stoïcien Euphrate, des platoniciens Taurus, Nigrinus, et d’autres, qui sont pourtant cités plus ou moins fréquemment par les auteurs du temps[1] ; aucun d’eux n’a de place dans l’histoire de la littérature, soit parce que leurs œuvres sont perdues, soit parce qu’elles offrent, dans ce qui en reste, un caractère trop technique. Seul peut-être, entre ces hommes de réputation disparue, le gaulois Favorinus ne doit pas être entièrement passé ici sous silence. Moitié philosophe, moitié rhéteur, il forme transition entre les écrivains dont nous venons de parler et les sophistes dont il sera dans le prochain chapitre.

Né à Arles[2], probablement sous le règne de Vespasien, entre l’an 70 et l’an 80 de notre ère, il y reçut une éducation toute grecque, puis vint à Rome, où il résida sous Trajan, sous Adrien et sous Antonin. Voyageur comme tous les sophistes, il parcourut aussi la Grèce et l’Asie Mineure. Il entendit Dion Chrysostome, dont il se disait le disciple. Peut-être visita-t-il Épictète ; Aulu-Gelle atteste qu’il citait certains propos de lui (N. Att. xvii, 19)[3]. Il fut en relations d’amitié avec Plutarque (Propos de table, l. VII, quest. x), dont il donna le nom comme titre à un de ses écrits[4]. En revanche, il eut un

  1. Consulter sur ces personnages les histoires de la philosophie grecque ; d’ailleurs, là même, ils ne peuvent guère être que mentionnés.
  2. Sur la biographie de Favorinus, consulter principalement : Suidas, Φαβωρῖνος et Ἀδριανός  ; Philostr., V. des soph., I, ch. viii ; en outre, pour des allusions éparses, souvent instructives, Lucien, Aulu-Gelle, Plutarque, Galien. — Étude détaillée de J.-L. Marres, De Favorini Arelatensis vita, studiis, scriptis, Utrecht, 1853. Notice dans C. Müller, Fr. Hist. gr., III, p. 577. art.  de Fr. Nitzsche, Rhein. mus., t. XIII, p. 642 sqq.
  3. Cf. Galien, Sur la bonne doctrine, 1 ; Sur ses Livres, 2.
  4. Plutarque, de son côté, lui dédia son traité Περὶ πρώτου ψυχροῦ