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PRINCIPAUX SOPHISTES DU SECOND SIÈCLE

et les représentations sophistiques, où il brillait[1]. Des deuils répétés l’éprouvèrent cruellement ; il perdit sa femme, Régilla, et ses deux filles. Du moins, la considération publique ne cessa de l’entourer jusqu’à sa mort. Quand Marc-Aurèle institua l’enseignement officiel à Athènes en 176, ce fut lui qu’il chargea de choisir les quatre premiers titulaires des chaires de philosophie[2]. Sa maison resta, pendant toute sa vieillesse, l’un des centres littéraires de la Grèce. On venait de toute part le voir et l’entendre ; les philosophes et les rhéteurs, sans parler des personnages politiques, tenaient également à honneur d’y être admis. Il mourut à 76 ans, probablement vers 179, un peu avant Marc-Aurèle.

Hérode Atticus laissait des Éphémérides, qui semblent avoir été une sorte de journal littéraire, une Correspondance très étendue[3], et des Discours. Tout cela est entièrement perdu[4]. D’après le témoignage de Philostrate, son éloquence se distinguait surtout par l’agrément, par la douceur et par une facilité élégante. Entre les Attiques, le modèle qu’il préférait était Critias, qu’il remit en honneur parmi ses contemporains.

Vers la fin du règne de Marc-Aurèle, la sophistique est dans tout son éclat. Toute une génération de rhéteurs,

  1. Sur la vie intime d’Hérode, ses entretiens, sa société, voir les souvenirs d’Aulu-Gelle, I, 2 ; IX, 2 : XVIII, 10 ; XIX, 12. — Parmi ses disciples, il avait fait un choix des dix plus remarquables, qu’il admettait à des exercices privés, appelés Κλεψύδριον (Philostr., V. S., II, c. 10, 1 et 13.)
  2. Philostr., V. S., II, 2.
  3. Philostrate, Sur Le genre épistol. (t. II, p. 258, Kayser, Bibl. Teubner) : Ῥητόρων δὲ ἄριστα μὲν Ἡρώδης ὁ Ἀθηναῖος ἐπέστελλεν, ὑπεραττικίζων δὲ καὶ ὑπερλαλῶν ἐκπίπτει πολλαχοῦ τοῦ πρέποντος ἐπιστολῇ χαρακτῆρος.
  4. Nous avons sous son nom un discours intitulé Περὶ πολιτείας (Orat. Attici, Didot, II, p. 189) ; c’est la harangue fictive d’un Thébain qui engage ses concitoyens à déclarer la guerre au roi de Macédoine, Archélaos. Mais l’authenticité de ce morceau ne semble pas pouvoir être défendue.