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CHAP. IV. — SOPHISTIQUE SOUS LES ANTONINS

de Sénèque le père nous ont conservé tant d’exemples. On plaidait pour un adultère pris en flagrant délit (ὁ μοιχὸς ὁ ἐκκεκαλυμμένος)[1]. pour un fils renié par son père (ὁ ἀποκηρυττόμενος)[2]. Mais, le plus souvent, on imaginait des situations étranges et contradictoires. « Une loi ordonne de mettre à mort celui qui a excité une sédition et de récompenser celui qui l’a fait cesser. On supposera que le même homme ayant excité une sédition et l’ayant fait cesser, réclame la récompense »[3]. Tantôt on développait longuement les arguments de la cause, tantôt on se piquait au contraire de les resserrer autant que possible. Secundus d’Athènes traita en quelques mots le sujet précédent :

Des deux actes en question, quel est le premier dans l’ordre du temps ? C’est d’exciter la sédition. Quel est le second ? C’est de l’apaiser. Commence donc par subir le châtiment de la faute que tu as commise ; quant à la récompense de ta bonne action, viens la recevoir ensuite, si tu le peux.

Un autre genre fort en faveur était celui des Discours de cérémonie, qu’on pourrait appeler lyriques, puisqu’on leur appliquait les noms des anciens genres lyriques (Ἐγκώμια, ᾠδαί, μονῳδίαι, παλινῳδίαι, λόγοι γενεθλιακοί, ἐπιτάφιοι, ἐπικήδειοι) et que la distinction entre la prose et la poésie tendait de plus en plus à s’y effacer. Le recueil d’Ælius Aristide nous offre un certain nombre de compositions de cette sorte, destinées tantôt à des particuliers (Ἀπελλᾶ γενεθλιακός), tantôt à des villes (Ῥώμης ἐγκώμιον, Ἐλευσίνιος, Μονῳδία ἐπὶ Σμύρνῃ, etc.). Dans cette classe, se rangent les panégyriques, tel que le Panathénaïque du même orateur, et en général toutes les harangues officielles, si fréquentes en ce temps, discours d’inaugu-

  1. Ibid., I, c. 25, 10.
  2. Titre d’un discours de Lucien.
  3. Philostr., V. S., I, c. 26.