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POÉSIE DIDACTIQUE ; OPPIEN

Plus encore que la géographie, l’histoire naturelle, par la variété des choses qu’elle offrait à décrire, paraissait faite pour alimenter la poésie didactique. Au siècle précédent, comme on l’a vu, c’était surtout la médecine qui avait eu le privilège de tenter les versificateurs. Sous Marc-Aurèle, nous rencontrons encore un médecin-poète, Marcellus de Sida, qui compose un poème sur son art, en quarante-deux livres (Ἰατρικά)[1] ; il nous en reste trois fragments, formant ensemble une cinquantaine de vers, qui donnent, il faut l’avouer, une bien médiocre idée de l’ouvrage[2]. Dans le même genre, on peut mentionner en passant les fragments d’un poème anonyme Sur les vertus des simples (Περὶ βοτανῶν), d’époque inconnue[3].

Mais les parties descriptives de l’histoire naturelle semblent avoir eu plus de vogue au second siècle que la médecine. Le principal représentant du genre est Oppien[4]. Né à Corycos, en Cilicie, vers le milieu du siècle, il composa, à la fin du règne de Marc-Aurèle, un poème en cinq livres Sur la pêche (Ἁλιευτικά), qui est venu jusqu’à nous en son entier. Dédié à l’empereur et à son fils Commode, ce poème dut être publié entre 177 et 180. Le poète y décrit les diverses espèces de poissons (l. I), leurs mœurs, leurs combats (l. II), la façon de les pêcher

  1. Suidas, Μάρκελλος Σιδήτης.
  2. Poetæ bucolic. et didact., Didot, p. 169.
  3. Ibid., p. 173.
  4. Nous avons quatre notices biographiques sur Oppien (Westermann, βιογράφοι, p. 63-68). Trois d’entre elles, qui sont d’ailleurs identiques quant au fond, le font vivre par erreur au temps de Sévère et de Caracalla. Suidas, seul, le met à sa vraie date, qui est attestée par de fréquentes allusions des Ἁλιευτικά. Il y a peu de fond à faire sur les récits des autres biographes. Ils nous racontent que le père d’Oppien, Agésilas, riche et philosophe, fut exilé à Malte par Sévère, mais qu’après la mort de Sévère, Oppien obtint de Caracalla la grâce de son père. Cela s’applique peut-être à un autre Oppien, auteur des Cynégétiques.