Aller au contenu

Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/641

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
623
L’APOLOGUE ; BABRIUS

L’apologue en vers se rattache à la fois à la poésie qui enseigne et à celle qui raconte. Faisons une place ici, malgré l’incertitude des dates, au fabuliste Babrius, qui est certainement antérieur au iiie siècle, mais qui paraît postérieur au premier[1].

Nous ne savons rien de sa personne ni de sa vie. Son nom paraît un nom latin[2] ; sa langue renferme des latinismes, et sa versification porte des traces de l’accentuation latine[3]. D’autre part, lui-même parle de l’Arabie comme quelqu’un qui l’a vue (Fable 57), et ses fables paraissent s’être répandues en Orient d’abord[4]. On peut donc le considérer avec vraisemblance comme un Romain hellénisant qui a dû séjourner en Orient. De même que son origine, le temps où il vécut ne peut être déterminé qu’approximativement et par conjecture. Babrius est antérieur au iiie siècle, car à partir de ce temps, il est cité assez fréquemment[5] ; mais il doit l’être de peu, car auparavant il n’est mentionné par personne ; il ne l’est même pas par les écrivains les plus familiers avec la littérature ésopique, tels que Plutarque. Ajoutons que tout en lui trahit l’influence de la

    plus ; peut-être n’y a-t-il là qu’une confusion avec le poème analogue de Denys de Samos, signalé plus haut (p. 619) comme auteur de diverses compositions didactiques.

  1. Suidas, art.  Βαβρίας ἢ Βάβριος, ne nous apprend que le titre et le contenu de son livre. Voir l’art.  de O. Crusius dans l’encyclop. de Pauly-Wissowa ; on y trouvera toute la bibliographie du sujet.
  2. Les Byzantins ont tiré du génitif Βαβρίου les deux formes de nominatif Βαβρίας et Βάβριος. Mais Avianus, au ive ou au ve siècle, le nomme Babrius (Préf. de ses Fables) ; nom latin, qui semble identique à Barbius. D’après le titre conservé dans le Harleianus 3521, le nom complet était Valerius Babrius (dont le ms. de l’Athos a fait Βαλεβρίου pour Βαλερίου Βαβρίου).
  3. Crusius, De Babrii ætate, 114 et suiv., 180 et suiv.
  4. Voir les témoignages réunis en tête de l’édition de Crusius.
  5. Voir les témoignages dans l’édition de Crusius. Le plus ancien est celui du Pseudo-Dosithée, qui, au commencement du iiie siècle, fait figurer deux fables de Babrius dans ses Ἑρμηνεύματα.