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L’HISTOIRE AU SECOND SIÈCLE


ceux qui ne pouvaient convenablement figurer dans ce groupe.

Notre intention n’est pas de les opposer aux précédents ; il n’y a, entre les uns et les autres, ni contraste, ni même séparation absolue. Toutefois, si ceux dont nous avons à parler ont fait en général moins de bruit dans le monde, s’ils ont été moins applaudis et moins adulés, on peut dire, en revanche, que leur œuvre, à presque tous, a été plus sérieuse. Avec eux, nous revenons à un genre d’étude qui touche plus aux choses et aux idées. Nous pourrons donc plus aisément nous y rendre compte de ce que l’hellénisme contenait encore de sérieux. Et, comme d’autre part, nous arrivons au temps où le christianisme, sortant de l’obscurité, se manifestait par des œuvres littéraires, ce sera l’occasion de le mettre en face de cet hellénisme vieillissant.

II

L’histoire, comme on l’a vu, n’avait manifesté dans les deux derniers siècles aucune tendance vraiment élevée. Tantôt entre les mains des philosophes, tantôt entre celles des rhéteurs de profession, elle comprenait sa tâche, soit comme une copieuse notation de faits à retenir, soit comme une matière de beaux récits, émaillés d’éloquents discours. On ne peut nier qu’au temps des Antonins, à côté des tentatives ridicules des sophistes, il ne se produise en elle une sorte de renouvellement intérieur, dû a une meilleure conception du genre lui-même. Arrien et Appien en sont les représentants. Fonctionnaires impériaux l’un et l’autre, muris par les emplois militaires ou civils, par la pratique des hommes et la connaissance des affaires, ils se font