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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/68

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CHAPITRE II. — PHILOSOPHIE AU IIIe SIÈCLE

Son père, qui venait souvent à Athènes pour ses affaires, lui en rapporta les ouvrages des Socratiques, et notamment les Mémorables de Xénophon[1]. Zénon lui-même fit d’abord du négoce. À vingt-deux ans[2], étant venu à Athènes pour son négoce, il y fit la connaissance de Cratès le cynique. Il abandonna le commerce et fut d’abord le disciple de Cratès[3]. Mais il le quitta bientôt pour s’attacher à Stilpon de Mégare, puis au Platonicien Polémon[4]. En même temps il faisait force lectures. Les philosophes anciens l’attiraient, et en particulier Héraclite, dont la doctrine devait passer presque tout entière dans le stoïcisme[5]. Au bout d’une vingtaine d’années de travail et de méditation, il se résolut à exposer à son tour un système personnel. Il réunit chaque jour, au Portique des peintures (Στοὰ ποικίλη), quelques disciples peu nombreux[6], et se mit à causer avec eux de philosophie. Son école s’appela l’École stoïcienne ou du Portique (Στωικοί). Pendant trente ou quarante ans encore, il jeta les fondements de la doctrine et en arrêta les grandes lignes[7], soit par ses conversations, soit par des écrits. La liste de ses écrits est donnée par Diogène Laërce[8]. Elle n’est pas très longue.

  1. Diog. L., VII, 31.
  2. Diog. L., VII, 38 (d’après le stoïcien Persée). Ailleurs (VII, 2), il donne le chiffre rond de trente ans.
  3. Sur l’origine de ses relations avec Cratès, jolie anecdote dans Diogène L., VII, 2.
  4. Diog. L., VII, 5 (Cf. 2). Si la rencontre avec Cratès est de 314, comme c’est l’année même de la mort de Xénocrate, Zénon n’a pu être l’élève de l’Académie que sous Polémon, qui fut scolarque de 314 à 270.
  5. Sur les lectures de Zénon, cf. Diog. L., ibid. 2. Héraclite a été l’objet de nombreux travaux dans l’école stoïcienne.
  6. Diog. L., ibid., 14.
  7. Diog. L., ibid., 84. On voit, par un certain nombre de citations de Diogène, que Zénon avait déjà formulé quelques-unes des maximes caractéristiques du système (Cf. id., ibid., 39 et 87).
  8. VII, 4.