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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t5.djvu/681

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ARRIEN : SA VIE

tion de sa vigilante activité : nous l’y accompagnons dans une de ses tournées de surveillance, au moment où, nouveau venu, il prenait connaissance de sa province en visitant une à une les villes du littoral.

Sa légature cessa un peu avant la mort d’Adrien[1] ; avec le règne de ce prince, sans que nous sachions bien pourquoi, se termina aussi sa carrière publique. Arrien atteignit une vieillesse avancée, sans occuper aucune autre fonction. Peut-être était-il tombé dans une demi-disgrâce ; peut-être aussi, et cela semble plus probable, après être arrivé au faite des honneurs, se plaisait-il dans une retraite volontaire, où il jouissait paisiblement de sa fortune et de la haute considération qui l’entourait. Cette dernière partie de sa vie semble s’être écoulée surtout à Athènes, bien qu’il ait dû faire, de temps en temps, d’assez longs séjours dans sa ville natale, à Nicomédie. Il était citoyen d’Athènes et il se laissait décerner par les Athéniens de coûteux honneurs municipaux : archonte éponyme en 147-48, prytane de la tribu Pandionide une première fois à une date inconnue, une seconde fois en 171-72[2]. Au reste, son tempérament militaire ne s’amollissait pas avec l’âge. Toujours actif jusque dans sa retraite, il se livrait à sa passion pour la chasse, en même temps qu’à ses goûts d’écrivain[3]. Malgré cela, il aimait à s’entendre traiter de sage et au besoin se donnait à lui-même cet éloge[4]. Plus que jamais, sa ressemblance avec Xénophon, désormais reconnue de tous, l’amusait et l’enchantait. On l’appelait couramment le nouveau Xénophon[5]. Lui-même usait volontiers de ce nom : il aimait à dire qu’il

  1. CIL, X 6006.
  2. CIA III 146 ; 1099 et 1032.
  3. Cynégét. 1 et 34.
  4. Cynégét. 1 : Ἀπὸ νέου ἐσπουδακὼς κυνηγέσια καὶ στρατηγίαν καὶ σοφίαν.
  5. Photius, 58 : Ἐπωνόμαζον δὲ αὐτὸν Ξενοφῶντα νέον.