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PAUSANIAS, POLYÆNOS

peut-être d’après d’autres, mais souvent aussi d’après ses lectures personnelles.

Du reste, pas plus de sens artistique que de véritable science. Ses descriptions des chefs-d’œuvre de l’art sont sèches, terre à terre, dénuées de tout sentiment personnel. Il note des faits, explique et commente les sujets traités, raconte des anecdotes sur les artistes, mais apprécie peu, et presque jamais par lui-même. Il était de ceux qui visitent les choses célèbres, moins pour les voir, que pour dire qu’ils les ont vues. Il prenait des notes, mais il ne pensait pas. L’écrivain, naturellement, ne pouvait guère être supérieur à l’observateur. Il s’exprime sans élégance naturelle, avec un laisser aller où l’on croit sentir comme une vague imitation d’Hérodote. Son plus grand mérite est de ne pas enjoliver les choses par une rhétorique prétentieuse. Sa manière, simple et sèche, laisse paraître une sorte de naïveté, moitié naturelle, moitié calculée, où entre comme élément principal la médiocrité foncière de son esprit. S’il parlait de sujets qui n’eussent pas en eux-mêmes leur intérêt, il serait insipide ; mais son ouvrage est si instructif qu’en le lisant on oublie de le juger ; par la variété des informations, c’est un fonds qu’on n’épuise jamais.


Rangeons également dans cette catégorie très modeste, mais plus bas encore, un certain nombre d’érudits et de polygraphes, dont les œuvres, perdues pour la plupart, touchaient soit à diverses parties de l’histoire, soit plus spécialement à la mythologie.

D’abord un simple collectionneur de faits historiques, le macédonien Polyænos, de qui nous possédons encore l’ouvrage à peu près complet sur les Ruses de guerre (Στρατηγήματα), en 8 livres, dédié aux empereurs Marc-Aurèle