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DOCTRINE STOÏCIENNE

geant un mot de ce vers : « Sans Chrysippe, pas de Carnéade[1]. » Il avait formé même ses adversaires. Au total, grand tapage de disputes, non sans quelque débauche de sophistique à demi-consciente.

Avec Chrysippe, l’évolution du stoïcisme primitif est achevée : la doctrine est organisée dans son ensemble ; elle forme un tout imposant, fortement lié, très original par certains côtés[2].

Les fondateurs du stoïcisme divisaient la philosophie, à l’exemple de Xénocrate, en trois parties : logique, physique et morale.

La logique était la science préliminaire des conditions de la connaissance, ou de la méthode. Le point de départ de toute connaissance est dans la sensation. Peu à peu, les données de la sensation se groupent, se généralisent par une série d’opérations qui en font sortir la science. Les stoïciens avaient étudié avec soin les différentes phases de cette élaboration des impressions sensibles par l’imagination, par l’expérience, par la raison individuelle, jusqu’au terme final, l’acquiescement de chacun à la pensée universelle, le repos dans le consentement unanime des esprits. Ils ne s’étaient même pas bornés à étudier cette évolution en psychologues : ils avaient voulu savoir avec précision suivant quelles lois la raison traduit les idées à l’aide du langage ; de là des traités nombreux sur la grammaire, sur la rhétorique, sur la poétique. Dans tous ces domaines, les stoïciens ont porté un esprit d’analyse ingénieux et fait des découvertes.

  1. Diog. L., IV. 162.
  2. Sur le stoïcisme, outre les historiens de la philosophie, voir Ravaisson, Essai sur le stoïcisme, Paris, 1856. — Diogène L. , dans sa vie de Zénon, a donné un exposé général de la doctrine.